Comme je l'ais dis juste au dessu le film vient de sortir au Québec, et les critiques fusent, comme en FRance, en voilà une qui rejoint toutes les autres !!
Les recettes plus importantes que la potion
Écrit par Olivier Chartrand, La Grande Époque - Montréal
08-07-2008
Astérix aux Jeux olympiques
Astérix (Clovis Cornillac, gauche) et Obélix (Gérard Depardieu, droite).(Alliance Films)Comment faire une recette de potion de mauvais goût : prenez une œuvre et des personnages appréciés partout dans le monde qui ont marqué plus d’une génération et qui font partie de la culture populaire. Ajoutez-y des humoristes et des comédiens de grand talent sans les exploiter à leur pleine valeur. Mettez-y 78 millions d’euros. Faites surveiller la marmite par un producteur gaulois, fils du chef du village, pour qui les recettes sont plus importantes que la potion. Donnez un droit de veto à un druide qui assistait anciennement celui qui connaissait vraiment la recette. Et voilà! Vous pouvez goûter, avec une amère déception, à Astérix aux Jeux olympiques.
Les critiques françaises avaient annoncé le flop en janvier dernier (à la sortie du film en France), mais le petit gars en moi, fan des aventures des deux Gaulois, espérait toujours secrètement pouvoir apprécier ce troisième volet d’Astérix et Obélix.
Avec sa panoplie d’humoristes et de comédiens de grand talent et un important budget, Astérix aux Jeux olympiques avait ce qu’il fallait pour réussir à séduire le grand public tout autant que la désopilante comédie d’Alain Chabat, Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre. Contrairement au fade 1er volet de Claude Zidi, celui de Chabat avait réussi à transposer l’essence de la bande dessinée sur grand écran avec une folie hilarante. Mais voilà, Albert Uderzo n’avait pas aimé la version de Chabat et, pour le troisième épisode, il voulait un plus grand droit de regard sur la production. Avec les mauvais choix que le dessinateur du Gaulois au casque ailé a faits depuis la mort de son collègue Goscinny en 1977 (comme celui de la dernière bande dessinée où le personnage rencontre des extraterrestres), il ne faut pas être surpris que ce dernier film soit aussi décevant.
Frédéric Forestier et Thomas Langmann, les réalisateurs, sont tombés dans le burlesque «sucré» en mettant de côté l’humour des deuxième et troisième degrés. Or, ce qui faisait la force des bandes dessinées, c’était justement qu’il y avait plusieurs niveaux de lecture dans lesquels les enfants autant que les adultes y trouvaient leur compte.
Encore plus décevant, Langmann et Forestier recyclent des gags du deuxième film en plaquant, par exemple, les textes de plusieurs chansons populaires françaises dans les dialogues. En outre, deux scènes prévisibles et redondantes font référence au Cyrano de Bergerac incarné par Depardieu en 1990. Un gag qui avait déjà été fait dans la version de Chabat. «Vous m’offrez du brouet quand j’espérais des crèmes!», aurait probablement dit Roxane au visionnement de ce film singeant le précédent.
Comédiens mal exploités
Il y a bien sûr Alexandre Astier (Kaamelott) en centurion Malosinus qui rappelle l’humour du deuxième film que l’on aurait aimé voir davantage, ainsi que Benoît Poelvoorde (Le Boulet, Selon Charlie), dans le rôle de Brutus, qui se démène pour que le spectateur ne s’endorme pas mais c’est insuffisant. C’est d’ailleurs seulement à l’apparition de Jamel Debbouze en Numérobis (dernières minutes du film) que la salle s’est tranquillement réveillée et que l’on a pu entendre des rires se généraliser.
De son côté, n’étant pas un comédien, Stéphane Rousseau, n’est visiblement pas confortable dans son rôle d’Alafolix qui le limite à faire le beau. C’est en fait assez ironique d’engager un humoriste pour incarner un personnage dans une comédie et de le restreindre à ne pas être drôle…
Alain Delon possède tout ce qu’il faut pour donner vie à un César imbu de lui-même, mais on se lasse rapidement de ses apparitions qui deviennent vite répétitives et assommantes.
L’Astérix de Clovis Cornillac (Brice de Nice, Le Serpent) en remplacement de Christian Clavier, est un choix qui aurait pu fonctionner même si Clavier incarnait un sympathique Gaulois. Toutefois, le petit moustachu n’est ni vraiment drôle ni assez présent dans cette jungle de personnages.
Potion marketing
Bien entendu, avec ses 78 millions d’euros (30 millions de plus que le budget du dernier film), les décors et les effets spéciaux sont réussis. Mais, et ceci s’applique aussi aux films, ce n’était pas les jolis dessins qui faisaient de la bande dessinée un succès.
Comme finale pathétique, on nous offre une surenchère de caméos de personnalités sportives qui fait l’effet d’un pétard mouillé. Ce qui donne l’impression que l’on voulait mettre le paquet à la fin pour être certain d’avoir utilisé tous les éléments gagnants afin de générer une bonne marge de profit. Langmann avoue ouvertement que le choix du scénario de ce dernier épisode d’Astérix a été déterminé selon une stratégie de mise en marché qui visait à faire projeter le film dans le plus de pays possible, d’où l’importance des caméos de différentes provenances et de renommées internationales. Vous l’aurez deviné, l’appât des Québécois : Stéphane Rousseau.
La pêche aux spectateurs risque d’être fructueuse vu la popularité du volet précédent et l’ampleur de cette dernière production. En revanche, le public se rendra rapidement compte que si cette potion marketing réussit à nous jeter de la poudre aux yeux, elle n’a rien de magique.