FESTIVAL DE COMEDIE DE L'ALPE D'HUEZ
Tout simplement Cornillac
par La Rédaction du DL | le 23/01/10 à 05h03 0 vote | 19 vues | 0 commentaire
Alpe huez
voila un autre article !!!!
La station iséroise vit jusqu'à demain au rythme des films et de la rigolade. Président du jury,
le stakhanoviste du cinéma français Clovis Cornillac n'a pas arrêté une minute depuis mardi. Mais il s'est quand même assis une (petite) demi-heure, pour parler de son métier, du jeu. Une manière, aussi, de parler de sa vie.
PAR
STÉPHANE ECHINARD
Les jours passent, les jours filent. Samedi se lève sur le tapis rouge et on n'a pas vu le temps passer.
Le festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez, treizième du nom, touche à sa fin. Jusqu'ici, tout va bien : le bilan est chouette, comme la montagne est belle sous le soleil. Depuis mardi, on a bien rigolé, dans les salles, sur les pistes, au-dessus de la raclette. Avec les comédiens aussi. "Pas un seul casse-pieds à signaler", souffle un membre de l'organisation. Que "des sympas", des "qui ne se la jouent pas", de Tchéky Karyo à José Garcia. Le bonheur, quoi.
En politique, le président donne le tempo. C'est aussi vrai dans un festival de cinéma. Le président du jury, cette année, fait l'unanimité. C'est Cornillac, prénom Clovis. Un vrai doux dans un corps de dur, un "nounours-camionneur", comme on peut le lire à longueur de portraits. Et "gentil", "solide" et "droit". Clovis, de «Brice de Nice», «Astérix aux Jeux olympiques», «Un long dimanche de fiançailles», «Le serpent», «Faubourg 36»... Tout simplement Cornillac, l'un des meilleurs de sa génération. Alors� ? Il répond d'une moue puis, après une première gorgée de bière bien fraîche, hausse ses larges épaules. "Le meilleur, ça ne veut rien dire du tout. Le principal, c'est que le cinéma se fasse".
Et le cinéma de Clovis Cornillac se fait, beaucoup, passionnément, à la folie. Au rythme de quatre films plus ou moins réussis par an. On lance un adjectif : "Boulimique". Il renvoie un nom : Gargantua. Et ne s'arrête pas là. "Oui, j'ai un énorme appétit. Mais je ne me sens pas névrosé du travail. On me dit parfois : «Vous tournez trop». Mouais. C'est étonnant parce que je fais juste mon métier. Remarquez, ça m'a mis le doute un moment. Je me suis demandé si j'étais un grand malade, alors j'ai regardé comment faisaient les anciens. Eh bien ils faisaient exactement comme ça". Sourire en coin. "En même temps, je ne sais faire que ça". Et si ça ne marchait plus� ? "Oui, pépère serait dans la merde. Mais ça me donne une force inouïe parce qu'il n'y a pas de place pour le doute. Je peux douter sur le fait d'être bon, d'être efficace, ça oui. Jamais sur le fait d'être acteur".
"Si je meurs demain..."
Cornillac, prénom Clovis. Fils de la comédienne Myriam Boyer et du metteur en scène Roger Cornillac. Enfant de la balle, enfance à la "soixante-huitarde". Et l'envie de faire ce métier "depuis l'âge de cinq ans". Les copains c'était "pompier", "footballeur"... "Moi, c'était acteur. Je voyais bien, à travers mes parents, la difficulté de ce boulot, les trahisons. C'était pas toujours facile de bouffer et de payer le loyer, mais ça ne m'a jamais découragé". Le voici trente-sept ans plus tard, dont vingt-six de carrière. Filmographie longue comme une piste noire, des années de théâtre subventionné, des nominations, un César, un statut de star... "Je ne regarde pas en arrière, je préfère le présent. Mais si je meurs demain, et ça me fait peur de dire ça parce que j'ai deux enfants superbes, eh bien j'aurais beaucoup vécu, j'aurais été gâté".
Cornillac, prénom Clovis. C'est un physique à la Gabin, une gouaille de titi parisien. Une façon de voir son rôle, aussi. Comédien-instrument, au service du réalisateur-musicien. "Je n'ai ni plan de carrière ni souci d'image. Je dépends du désir des autres. Mon travail, c'est aller là où le metteur en scène m'imagine". Et pas imaginer où il aimerait aller "sinon, tu n'avances pas".
Le miracle
du cinéma
Les minutes passent, les minutes filent. La voiture attend le président pour l'emmener au cinéma. Expédions les questions sur le foot et sur Lyon. Passons rapidement sur le ski de fond, la montagne, le froid. Et parlons encore un peu de cinéma. De comédie, puisqu'il est venu en Isère pour ça. "La comédie ?" Il réfléchit. Se lance et cite Bourvil et de Funès mais regrette que ce dernier "ait parfois eu peur de se mesurer à des mecs balèzes". Il parle aussi de Ben Stiller, de «Mary à tout prix» et de la scène "où Cameron Diaz reçoit du sperme dans les cheveux. Chaque fois ça me fait rire". Rien que de le raconter, ça le fait rire.
Le président Cornillac regrette aussi "qu'il n'y ait jamais de bonnes grosses comédies à Cannes", tout en ajoutant que "la course à la médaille, ce n'est pas très important non plus". Nouvelle gorgée de bière. "Le cinéma, c'est formidable". Ah oui� ? "Penser que des gens empruntent le même chemin pour aller voir le même film, je trouve ça miraculeux". Sauf que de navets en flops, ça ne marche pas à tous les coups... "Je suis d'accord. Quand un film fait 100 000 spectateurs, c'est un échec commercial. Mais imagine 100 000 personnes qui défilent dans la rue. Ça fait du monde, hein� !" Certes.
L'attachée de presse regarde sa montre. Fini� ? Un dernier mot sur la comédie� ? "Si le public rit, c'est gagné", sourit-il en croisant les doigts pour son prochain film «Protéger et servir», avec Kad Mérad. Dernière gorgée de bière, point final, phrase culte : "Un bon film, quand c'est un bon film, y a pas à tortiller du cul pour chier droit, ça marche". Tout simplement Cornillac.
Stéphane ECHINARD
Paru dans l'édition 01G du 23/01/2010 (77339ffe-0797-11df-92ed-556904df5962)